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Les nuits du Christ sont aussi les nôtres. Elles nous ont été offertes par lui. Chaque fois que nous le souhaitions, que nous le souhaitons, nous étions sûrs, nous sommes sûrs, de trouver en ces nuits l'abandon et, parfois, l'étonnant réconfort de la perte et des larmes. Et nous savons tout le besoin que nous avons de ces nuits, de cet abandon, de cette perte. Alors en ce Samedi Saint, pour cette Veillée Pascale l'ombre a le goût particulier de l'attente qui se lit à l'espoir. L'ombre à la couleur gris-bleuté de la lumière qui n'est pas encore, ou qui n'est plus tout à fait. L'ombre : nous avons tout perdu et tout pourtant nous est encore offert. Voilà ce que nous dit cette ombre : elle nous dit qu'en ces moments de désarroi où tout s'échappe, où tout s'enfuit, où l'on ne sait plus trop si c'est cela la fin de l'histoire, l'ombre nous dit que l'histoire n'est pas achevée. Car l'Histoire ne s'achève que là où l'on veut la voir s'achever. Saurons-nous faire, de cette absence volontaire et momentanée du Christ, l'espoir des solitudes de ce monde ? Si nous y parvenions, alors ces nuits d'attente devraient être plus nombreuses.
Car ces faiblesses que le Christ nous désignes au point de les porter lui-même, au point d'en faire ses propres faiblesses, sont les faiblesses non avouées des Hommes. Ces Hommes qui croient tout dominer n'ont pourtant de salut que par la saine conscience de ces faiblesses qui lui sont imposées par le Monde, et seulement Proposer par le Christ. Oui, tandis que le Monde impose la nuit, le Christ, lui, la propose. Simplement. Il ne faut pourtant pas ôter de la douceur de l'ombre, la douleur du Christ en croix. La douleur. La douleur crue, brutale. Ici les contours sont moins flous : plus de gris-bleuté, d'ombre ou de nécessaire repos. Rien d'autre que le noir. Et c'est ce noir que pour nous, le Christ porte. Mais c'est aussi cela, qu'en ce moment précis, il porte sous les bombes. Et pour d'autres que nous. Pour de plus fragiles, pour de plus faibles, pour hélas, aussi, de plus petits que nous. De tout petits. Il porte l'innocence abandonnée à la fragmentation d'obus. La nuit lui pèse, il est parti, nous a quitté. À notre tour abandonnés, comme nous avons abandonné, mais sans jamais avoir le courage de nous abandonner nous même.
Alors, nous laissant l'ombre, seul chose pour nous supportable, le Christ porte à lui seul le sombre, aux limites assurément tranchées du noir. Et cela en sacrifice. Pour que tous, nous saisissions l'évidente nécessité de la croix. Laissons-nous donc porter, et, par la probable tristesse des Apôtres qui laissait encore un peu de place à l'espoir de le revoir, laissons à la seule foi le soin de nous guider. Car c'est une bien lourde nuit qui nous attend. Une bien lourde nuit, oui ;  mais de Prière légère. Assurés que nous sommes de voir, au-delà de nos désespoirs, le jour se lever de nouveau. Dès demain peut-être.
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Proposition

          De la folie d'amour, qu'est-ce qu'on a fait ? Cette fadeur qui nous étouffe et qui nous tue. Il faut que cela cesse. Il nous faut vivre éternellement la grâce et ne plus avoir peur. Toujours être pour l'autre ce que l'on est vraiment. Ne pas dire non, jamais. Et puis s'abandonner, brûler de tous les feux ; à en mourir. Et en mourir. De l'énergie qui en découle créer le beau. Sans concession, s'abandonner à l'autre. Émouvoir la nature au point de la faire suffoquer peut-être.
          Car enfin, pourquoi donc on s'obstine à dire que l'on ne s'aime pas ? C'est quoi ce besoin de pleurer seul, cette peur ? C'est le mystère.
          On meurt des temps figés, des questions inutiles, des engagements faciles. Mais rien n'empêchera jamais les méchants d'être méchants, la bête immonde d’être à certains vitale, le malsain d'être immuable. L'arme absolue ne combat plus que l'innocence et, pacifiés, nous sommes l'agneau face au couteau.
          C'est la mélancolie qui nous sauvera, un jour, tout à la fin, de tout ce miasme incohérent et sans visage, de cette horreur qui fait pleurer, de cette souffrance. C'est de cette paix qu'il nous faut, le coeur attendri de soi-même et des autres, de cet appel où tout s'effondre pour renaître.

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