Dans cette optique, la fulgurance du don de Dieu permet de nous aimer, à en mourir, plus que nous nous haïssons. Oui, il y aura toujours l’amour de Dieu – cet amour là – qui au-delà des certitudes que nous croyons avoir, transformera nos peurs en larmes salvatrices, nos larmes salvatrices en envie de vivre. Un peu. Enfin.
Tout ainsi vient des larmes. Ces larmes chaudes, et même brûlantes, dont nous ne pouvons nier le pouvoir de dire non à l’imbécillité. Notamment à l’imbécillité de ceux qui voudraient nous faire croire que l’Homme ne se construit que dans la guerre, la volonté – cette détestable volonté – ou bien encore dans le mérite ou la vertu. Mais nous sommes peu, fort heureusement, à nous échiner à devenir vertueux. Trop vertueux. C’est notre gloire, notre avenir, notre plus grand espoir. Pleurons en paix. Pleurons en paix pour le salut du monde, pour le rire d’un enfant, pour ces jeunes amoureux qui passent dans notre rue, pour l’amour. Pour la tranquillité de ceux qui savent que c’est seulement un abandon aux larmes, vraies et profondes, qui peut éternellement donner l’envie de vivre avec ce qui nous écrase tous, trop : la haine. Il faut aimer bien au-delà de nos capacités à accepter l’inacceptable : prier pour nos ennemis.
Aimer, somme toute, nos ennemis : se libérer du poids des haines amères, des traces parfois indélébiles de la rancœur. Aimer ceux qui nous persécutent et persécutent l’innocence même. Aimer pour avancer, pour assurer à tous, sans le moindre doute, la présence d’un soleil chaque matin renaissant.