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15 octobre 2009 4 15 /10 /octobre /2009 10:59

        Qui n’a jamais tremblé à l’écoute des récits terrifiants sur le « Jugement dernier », ce fameux jour où la sentence divine frappe les actes humains pour les sanctionner ou les récompenser ? Et inversement, qui n’a jamais imaginé ce que pouvaient être les délices du Paradis ou les affres de l’Enfer ? Ces deux lieux, où vient s’échouer à la fin l’existence humaine, sont au cœur des représentations des croyants sur l’au-delà - des représentations qui sont pour l’essentiel communes aux trois religions révélées. Elles tiennent une place fondamentale dans le pacte qui lie les hommes à Dieu, puisqu’elles promettent un jugement final qui viendra rappeler aux hommes leurs manquements à ce Pacte si manquements il y a eu.


          Ce Jugement dernier, et donc décisif, donne du sens à ce que l’homme a fait durant sa vie. La perspective d’un jugement, remis entre les mains d’un Dieu qui décide seul et irrévocablement, donne du sens à ce qui pourrait ne pas en avoir, à l’absurde d’une vie vouée à se terminer un jour. L’homme devient ce qu’il a fait. Chaque homme, quels que soient son rang ou son prestige, devient digne exclusivement de ses actes personnels, ceux dont il est responsable, qui sont validés ou invalidés par le jugement « dernier ». Lequel jugement ne saurait appartenir à l’homme, car sinon il serait tout-puissant, maître du Bien et du Mal. Or, justement, il ne l’est pas.


          Mais qui dit « dernier » reporte ce Jugement au temps de Dieu, dans un « ailleurs » qui n’appartient pas au temps des hommes. Tout est renvoyé en un lieu et un temps où le croyant peut fonder le sens d’une existence qui, elle, se passe aujourd’hui. Ce que promet le jugement (le Paradis ou l’Enfer) est la projection des plus grands désirs ou des plus grandes craintes de l’homme. Ce sont des images, des représentations symboliques, qui tentent de décrire ce qui pour l’homme est indicible. Le monde de Dieu, personne ne le connaît. On ne peut pas le « dé-finir », puisque marqué du sceau de l’in-finitude et de l’in-temporalité. En posant le cadre où se déroule la justice de Dieu et en décrivant avec précision ses conséquences, le texte coranique exprime dans un langage pédagogique ce qui pour l’homme n’est pas concevable.


          Cette projection remplit deux fonctions. D’une part, elle donne du sens à l’histoire des hommes, les rend responsables de leurs actes, mais aussi libres d’agir en pleine conscience. D’autre part, elle permet de saisir par l’imaginaire ce qui relève de l’insaisissable. Reste que cette projection est souvent paralysante. Non seulement elle fait peur, car l’on n’en saisit pas toujours le sens éthique, mais souvent elle est perçue comme tellement lointaine qu’on oublie volontiers que c’est aujourd’hui que se font les choix. Le jugement de Dieu est toujours « dernier », mais ce jugement a commencé ici et maintenant, aujourd’hui et à tout moment de notre vie. Il fonde une éthique de l’agir ici et maintenant. Le Jugement sera « dernier », mais le choix se fait à chaque instant. Ce n’est qu’à ce titre que cette projection peut être féconde. Et avoir du sens.

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Proposition

          De la folie d'amour, qu'est-ce qu'on a fait ? Cette fadeur qui nous étouffe et qui nous tue. Il faut que cela cesse. Il nous faut vivre éternellement la grâce et ne plus avoir peur. Toujours être pour l'autre ce que l'on est vraiment. Ne pas dire non, jamais. Et puis s'abandonner, brûler de tous les feux ; à en mourir. Et en mourir. De l'énergie qui en découle créer le beau. Sans concession, s'abandonner à l'autre. Émouvoir la nature au point de la faire suffoquer peut-être.
          Car enfin, pourquoi donc on s'obstine à dire que l'on ne s'aime pas ? C'est quoi ce besoin de pleurer seul, cette peur ? C'est le mystère.
          On meurt des temps figés, des questions inutiles, des engagements faciles. Mais rien n'empêchera jamais les méchants d'être méchants, la bête immonde d’être à certains vitale, le malsain d'être immuable. L'arme absolue ne combat plus que l'innocence et, pacifiés, nous sommes l'agneau face au couteau.
          C'est la mélancolie qui nous sauvera, un jour, tout à la fin, de tout ce miasme incohérent et sans visage, de cette horreur qui fait pleurer, de cette souffrance. C'est de cette paix qu'il nous faut, le coeur attendri de soi-même et des autres, de cet appel où tout s'effondre pour renaître.

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