Malgré cela j'attends, serein, ce proche avenir où rien ne fera plus vaciller l'âme belle de nos enfants ; où la folie, définitivement libérée de toute entrave, prendra à revers les plus grands stratèges de ce monde. Nous construirons demain les espaces verts et les forêts de nos assassins.
On n’enferme pas un coeur qui bat. On n’enferme pas cet amour qui parfois nous ronge de son absence, cet amour dont on voudrait qu'il ne touche que soi, et pas les autres. Cet amour que l'on veut tout entier, en le gardant là, bien au chaud, bien à l'abri des coups de l'inutile douleur du monde. Se protéger, enfin. Être hors du vivre et du non vivre, être dans l'essentiel ailleurs d'André Breton. Au point de ne plus sentir ce monde qui nous étouffe tous, trop.
Rien ne dit que l'on serait heureux dans cet ailleurs tant que l'on n’y a pas goûté pleinement, mais quand il apparaît, ce royaume, on sait que c'est cela la vérité, le sens même de la vie. Nul besoin de chercher, il suffit de se rappeler.
Et le mystère de notre foi nous le voulons pour tous et pour chacun. C'est cette folie qui nous apprend chaque jour à n'être que de simples hommes, de simples femmes, à faire de nos faiblesses la force même de nos amours, de notre mort et de celle des autres. L'humanité n'est rien face à cette passion qui nous enchante.
Mener la barque à bon port n'est pas de tout repos, mais je ne veux pas, moi, être l'otage de la raison. Celle qui voudrait bien voir mourir le sens de toute la condition humaine, fût-elle tragique ou merveilleuse.